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Route 66 puis à gauche au rond-point. [Kafka-Providence]

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Providence Schmitt

Providence Schmitt

Providence a écrit:Le "groupe" s'était disloqué aussi vite, sinon plus, qu'il ne s'était formé. Les tensions étaient palpables, le peu d'intérêt d'une partie pour le reste du monde aussi. Sans doute cela avait-il joué dans la décision de continuer ensemble.. mais séparément.
L'albinos ne s'en était pas plainte, loin de là. S'éloigner de Jansen, s'éloigner des autres cinglés, aussi. C'était à se demander finalement, ce qui ne tournait pas rond chez elle. Folle d'un côté, bien consciente de certaines choses de l'autre. Et pas de bol pour Kafka, elle avait décidé de rester dans son sillage. Pas qu'elle l'appréciait outre mesure, pas qu'il y ait une fameuse complicité et amitié entre eux, non. Mais Providence avait besoin de repères et de routine, ce qu'il avait fini par représenter, après ces quelques lunes à avancer ensemble. Elle commençait à connaître ses habitudes, ne s'étonnait ni ne s'offusquait plus de ses hurlements et coups d'éclats.

Bon, elle se serait bien passée de la présence de papy et bogoss Silence, certes. Au jeu des sept familles, elle n'avait pas tiré le gros lot, de ce côté-là... Mais bon, on lui avait gentiment expliqué qu'être nombreux diminuait les risques de se faire attaquer. Et même si elle doutait que l'un ou l'autre ne sorte de sa léthargie en cas de danger, elle n'avait pas insisté. Elle n'était qu'une cinglée, elle n'avait pas son mot à dire.

Bref, quoi qu'il en soit, ils étaient toujours dans le désert, toujours tous les quatre.
Tôt dans la matinée, juchée sur une vieille carcasse de voiture elle-même posée au sommet d'une dune, Blanchette avait repéré une bicoque au bord de la route. Un genre de station-essence à l'américaine.. mais ce genre d'incohérence géographique lui passait au-dessus de la tête depuis un bon moment, maintenant. Certainement de quoi trouver des trucs sympas, mais l'idée d'y aller seule la bottait quand même moyennement.
Aussi une fois descendue de son perchoir, elle approcha du frisé, petits pas légers et un adorable sourire aux lippes. Bien trop adorable, oui.

- Babouche ! T'as bien déjeuné ? Tu reveux un peu de... Ouais, bon, on n'a plus grand chose. Hm.

La gamine vint s'installer à côté de lui en tailleur, reprenant en croisant ses mains devant elle :

- J'ai aperçu une baraque, derrière les dunes. Pas très loin, hein ! Ça ressemble à une station-service, et ça a peut-être pas encore été pillé, tu vois ? Et je me disais, ce serait cool d'y aller faire un tour. Juste nous deux ? Parce que si on se traîne Papy et Bogoss dormeurs, on en a pour la semaine.

Elle se racla la gorge avant d'ajouter, prévenant tout refus possible :

- ... le genre d'endroits où on trouve souvent des clopes, quoi... J'ai pensé que ça t'intéresserait.

Kafka a écrit:Babouche faisait face à la vacuité. Un face à face de légende. La vacuité, c'est un concept qu'il avait découvert - sans être foutu de le nommer - dans sa cellule. Routine et vacuité, les deux mamelles de Kafka depuis des semaines. Il faisait sa part, hein, attention ! Garder un oeil sur les réserves, voir si Papy ou Belle Gueule semblait pas tout palot - une tâche autrement plus compliquée quand elle concernait Blanchette -, même qu'il commençait à toucher sa bille concernant les plantes locales... Mais c'était routinier. Et un peu vide de sens hormis celui de survivre. D'où la vacuité. Que lui préférait appeler "pffff". Ça résumait bien, selon lui. Du coup, pour faire face, là, tout de suite, ben il tentait de se couper les ongles. Des pieds. Avec les dents. Il aurait bien piqué le sécateur à la gamine pour ce faire mais, jusque-là, il respectait rigoureusement sa parole donnée de rien lui piquer. Quant à lui demander, il jugeait bon de la laisser donner ou prêter ce qu'elle voulait. La confiance se gagne, comme il lui avait dit.

Et d'ailleurs, la voilà qui se pointe. Et, d'emblée, il sait que ça va être merdique. A cause du sourire. Pas souvent qu'elle sourit. Pis il a bien pigé qu'elle avait son petit côté manipulatrice ! Toutes les mêmes, t'façon ! Quand elles lui sourient comme ça, dès le départ, c'est pour lui demander un truc. Toujours ! Mais la Malinoise, tandis qu'il abandonne son pied vaguement baveux pour refoutre sa babouche, commence doucement...


- Bien déjeuner ? Putain d'merde... ben ouais, non, on n'a rien à bouf...


Misère, ça craint de plus en plus. Elle se rapproche. Jamais elle donne dans la proximité sans raison, depuis qu'il la connait. Il y a bien que pour venir répondre à la radio par-dessus son épaule ou pour venir lui broyer les burnes à pleine main qu'elle le fait. Et là, non. Ça craint.

- Une baraque ?... Ouais, enfin, Papy est mieux équipé pour aller fouiller les...

Puis une étincelle dans les yeux noirs du moustachu. La Malinoise ! Elle sait s'y prendre.

- Des clopes ? Ok, c'est où ? Par là ?

Il indique une direction quasi au pif puis se redresse, s'époussette, ramasse son baluchon et sa rame, la fixe.

- Ben allez, putain d'merde ! On se bouge ! Et prends ton sécateur, hein...

Providence Schmitt a écrit:Résultat au-delà de ses espérances. Bon, elle se doutait bien, que le coup des clopes, ça fonctionnerait. C'est un mec simple Babouche... C'est aussi pour ça qu'il plait à l'albinos.
Et puis elle aussi, commence à en avoir marre de vacuiter. Si au moins elle pouvait cuiter tout court. Mais que dalle ! A moins qu'il ne reste un peu d'alcool quelconque dans cette fichue bicoque..? Enfin, quoi qu'il en soit, passer son temps à fouiner ça sert, mais ça laisse bien trop de temps pour penser.

Elle ne fait aucun commentaire à l'activité du frisé lors de son arrivée.. Après tous on est tous passé par là ! Certains avec plus de souplesse que d'autres, c'est tout.
Son sourire angélique s'agrandit tandis qu'elle indique l'exact opposé de la direction suggérée par Kafka. Evidemment.

- Non. Par là.

Elle se redresse à son tour en frottant son jupon du plat des mains, récupérant son propre sac, jamais posé bien loin. Et en sort un gros tranchoir qu'elle examine distraitement en ajoutant :

- Hm ? Mon sécateur. Oui, oui. Enfin, non. J'ai trouvé mieux depuis.

Dans un petit haussement d'épaules, Blanchette le fait tournoyer d'une torsion de poignet. Bon, c'est sur que si elle avait de quoi l'aiguiser, ce serait tout de suite plus impressionnant, mais ça fera le taff.
Elle pose quelques affaires à elle dans un coin pour libérer de la place dans le sac qu'elle glisse sur ses épaules, avant de se mettre en marche sans vraiment attendre d'avantage. C'est qu'elle est impatiente de fouiller autre chose que du sable. Elle en oublie même de prévenir Papy et Bogoss, persuadée qu'elle est, qu'ils ne réaliseront même pas leur départ.
Elle avance d'un bon pas, amazone nus-pieds des temps modernes. Elle s'est fait de la corne, à force, ne lui manque plus que les poils aux orteils pour revendiquer son statut de hobbit ! Et sitôt la première dune passée, il s'avère qu'elle n'avait pas menti : Une station-service trône bien à côté de la fameuse route qui monte au nord. Pas bien loin ! Trois cents mètres à tout casser.

Elle attendra d'en avoir parcouru la moitié, pas si facile que ça quand on s'enfonce dans le sable à chaque pas en vérifiant constamment ne pas être suivi ou attaqué par on-ne-sait-qui, avant de venir se mettre au niveau de Kafka pour engager la discussion.

- C'est vraiment pas ta copine, alors ? Je veux dire. Elle t'a giflé. Et embrassé. Ça veut bien dire c'que ça veut dire.

Providence lui offre un petit regard entendu. Entendu de quoi, on sait pas. Mais entendu.

- Et finalement, elle t'a lâché aussi la Jansen. *Et de ricaner tout bas* ... Avec une débile et deux daubots. Sympa la meuf.

Son sérieux revient pourtant quand elle reprend :

- Tu sais. Je les aime pas trop, les autres. Ils sont dangereux. Tu vas te foutre de moi, si je te dis qu'ils sont cinglés, hein. Mais c'est le cas. Ils sont imprévisibles. Et incapables de se refréner, je crois. Ça me fout la trouille, quand on est avec eux. Je peux pas ... m'empêcher de me dire qu'un d'eux va craquer et venir me dépecer pendant que je dors...

L'albinos se perd quelques secondes dans ses pensées macabres avant de poser ses billes claires sur le frisé.

- Toi aussi, t'as peur que je te saute à la gorge la nuit ?

Kafka a écrit:Bordel, c'est quoi ce hachoir ? Elle a trouvé ça où encore, elle ? Ou sur qui ? Et puis pourquoi elle a l'air de tenir à ce qu'il l'accompagne jusqu'à la station vu qu'elle a l'air de très bien se démerder toute seule, en général ? Pas que ça l'emmerde de l'accompagner, hein, mais pourquoi, elle, elle veut, soudain ? Entre ça et le coup d'agiter son coupe-bite l'air de rien, ça sent le plan foireux, tout ça ! Oh et puis merde. Y a des clopes à la clé ! Qu'elle le bute si elle veut, du moment qu'elle lui laisse cramer une blonde avant ! En route.

Elle passe devant, éclaireuse éclairante, et il la suit de près. Il reste à l'affût, bien sûr, autant concernant Providence que les silhouettes au loin, mais il espère pas pour autant passer inaperçu. Déjà parce que passer inaperçu avec une albinos fringuée de blanc en plein soleil, c'est peine perdue. Puis parce qu'il aime pas spécialement passer inaperçu. Aussi. Donc, bon, ils crapahutent de la dune, avec la station en ligne de Mir, d'un pas résolu. Puis la petite Blanchette ralentit un brin pour le laisser arriver à son niveau. Elle a la causante.

Jansen. De nouveau. C'est une fixette ! Lui dit rien, l'écoute, même quand elle lui balance son regard entendu qui ne fait qu'ajouter, chez Kafka, un plissement de nez aux sourcils froncés. Ça veut bien dire ce que ça veut dire ? Putain d'merde, c'est quoi qui veut dire ce que ça veut dire ? Elle veut l'embrouiller, la gamine, ou quoi ?! Même qu'elle ricane, en plus. Puis elle prend un air plus sérieux, comme quoi elle flipperait. Tu m'étonnes ! Enfin, quand vient la dernière question, la réponse ne se fait pas attendre :

- Ouais.

Il lui jette un coup d'oeil en coin avant que son regard retourne vers la station, toujours plus proche. Il hoche la tête.

- Ça m'arrive. Pas juste toi. Parfois, j'me dis que c'est le vieux qui va le faire. Ou même Gueule d'amour. L'soucis, c'est pas que tu sois cinglée, p'tite, c'est que tout le monde a l'air de l'être ici... Et, parfois, j'ai l'impression que je le deviens, aussi... Toi, moi, les autres... tous les autres, hein... Tous cinglés. J'me rassure en me disant que l'avantage, c'est qu'on doit aussi faire peur à ceux qui nous tournent autour. Pas de raison qu'on se fasse flipper qu'entre nous, putain d'merde...

S'ensuit une quinte de toux, du genre rauque. Il se sent faible. Il a conscience de l'être. Deux lunes qu'il a pas bu une goutte de flotte sous ce putain de soleil de plomb... Il a l'impression d'avoir la gorge plus sèche que la foufoune de sa défunte mamie.

- Et c'est quoi ton délire avec Jansen ? Elle m'a giflé et embrassé, ouais. Et ? T'en déduis quoi, toi ? Moi, qu'elle est cinglée aussi. Tous cinglée, j'te dis.

Nouveau regard en coin pour l'albinos. Le moustachu a un sourire en coin.

- T'es jalouse, en vrai, c'est ça ? Toutes folles du Kafka, pas vrai ? Hein ? héhé...

Il repense au hachoir et ferme sa gueule. D'autant qu'ils arrivent à proximité de la station. Il s'accroupit - faisant signe à Providence de faire de même -, à l'arrière d'un vieux distributeur de soda rouillé et renversé, observant les pompes, à quelques mètres, puis la vitrine de la boutique... Aucun mouvement repéré autour des pompes. Par contre, la vitrine est tellement cradingue qu'il est impossible de savoir ce qui se trame à l'intérieur. L'air de rien, là, sans bouger de leur cachette improvisée ni détourner son regard de la station, Kafka se dit que c'est le bon moment pour prendre la température...

- J'me sens pas lésé de t'avoir avec moi, p'tite. Non, le seul truc qui merde, avec toi, c'est tes yeux... Quand ils virent au noir...

Ultime et rapide coup d'oeil vers l'albinos, pour juger de sa réaction.

Providence Schmitt a écrit:Le regard clair ne lâche plus Kafka pendant quelques secondes. C'est même un coup de chance qu'elle ne se prenne pas les pieds en avançant ! Pas de sourire sur sa face de craie, mais cet air toujours pensif. Elle ne semble pas prendre mal la réponse du frisé, peut-être un brin de tristesse durant une seconde mais elle ne sort pas son hachoir pour lui faire sa fête... C'est qu'elle ne doit pas être vexée. Non ?

- En même temps c'est facile. Tobie tue les gens sous prétexte qu'ils sont peut-être pas humains....Et Danuta l'a accompagné dans son délire. Dès le premier jour où on s'est retrouvé.
Y'a de quoi flipper. Et les autres... Nous autres.
J'aimais pas l'hôpital. Ça partait souvent en couille. Des crises de folie... De violence, quoi. Untel qui se jette sur untel autre pour essayer de lui arracher les yeux. Tu vois le genre.


Ses yeux se posent sur ses bras, qu'elle libère de leurs manches, mettant à la vue de son compagnon de route ses poignets traversés de cicatrices boursouflées avant de reprendre, toujours d'un ton égal de discussion :

- Moi j'ai jamais fait de mal qu'à moi, à peu de choses près.
... Mais ça c'était quand l'Autre était assommée par les médocs..


Puis Blanchette roule des yeux aux remarques de Babouche sur Jansen et sa présumée jalousie. Bordel mais qu'il est con quand il s'y met. Il mériterait un broyage de couilles pour la peine, même ! Mais elle n'a qu'à peine le temps d'y penser, que le chevelu s'accroupit, en lui faisant signe de l'imiter. Son visage se tourne vers le bâtiment, puis Kafka, avant enfin de s'agenouiller au sol, semblant comprendre la manœuvre.

- Elle était pas dans les sous-sols pour rien la jumelle, c'est clair.

Rien ne bouge. Ni d'un côté ni de l'autre du distributeur renversé -Et vide, évidemment-. Même après la petite phrase bien sentie de Kafla, l'albinos ne bronche pas, fixant la vitrine crade. Deux secondes. Dix secondes. Une putain d'éternité, dix secondes au milieu d'une discussion.
On pourrait se demander si elle a entendu. Compris. Si elle a bugué, même. Après tout, elle est cinglée. Mais non, au bout de ces dix longues secondes, et alors qu'elle se redresse à demi pour approcher de la porte de la station, elle ouvre la bouche :

- Je t'avais prévenu qu'on était deux, pourtant. Personne me croit jamais quand je le dis.

A petits pas et le hachoir de nouveau en main, Providence avance jusqu'à l'entrée, qu'elle tente d'ouvrir discrètement. Manque de bol, un couinement à réveiller un zombie s'échappe des gonds dès que le battant se met en branle. Evidemment. Connard de Murphy. D'un geste vif elle décide de l'ouvrir en grand, perdu pour perdu !
Que Kafka ait bougé ou non, il pourra certainement constater... que rien ne bouge dedans. C'est un peu assombri par les fenêtres cradingues, mais en tout cas, personne n'en sort pour sauter sur l'albinos.
Cette dernière attendra sagement que son compagnon d'infortune soit à son niveau pour entrer cependant, en ajoutant :

- Enfin, tant que ce sont que les yeux, tu crains rien. Dans le cas contraire tu vas vite t'en rendre compte.

Kafka a écrit:Babouche est juste derrière Blanchette quand elle ouvre la porte en grand. En couverture. Rame en main, tenue façon batte de baseball, il est prêt à tataner tout ce qui pourrait sortir de là. Mais rien n'en sort. Et rien, à priori, ne bouge à l'intérieur. Alors, quand la petite passe le pas de la porte, il la suit. Il attend un petit moment, bloquant la porte ouverte de son pied, déjà pour laisser entrer un peu de lumière puis le temps de s'habituer à deux choses : cette odeur de renfermé et l'obscurité. L'endroit a déjà été visité, aucun doute. Derrière la caisse - ouverte -, juste à droite de l'entrée, les étals ont été vidés. Le reste de la pièce est un sacré bordel... Les rayons ont été saccagés, renversés pour la plupart. Le frisé doute fortement de trouver quoi que ce soit qui s'apparente à de la bouffe dans tout le merdier éparpillé à droite, à gauche. Et parterre, surtout. Mais ça vaut toujours le coup de jeter un coup d'oeil, quitte à être là. D'autant que la porte de ce qu'il suppose être les toilettes, tout au bout, parait fermée. Encore un temps d'observation... Pas de mouvement et on entend pas une mouche voler. Ou si, justement, c'est bien tout ce qu'on entend. Les mouches. Il décide donc de poser sa rame en travers de la porte pour la garder entrouverte puis entre, pour de bon, dans le magasin. Bien qu'il l'ait vu ouverte, son premier réflexe est d'aller jeter un coup d'oeil vers la caisse... pour constater qu'elle a été fracturée. Il a bien conscience que le pognon l'avancerait pas à grand-chose mais ça le rassurerait d'avoir un peu de cash en poche. Vieille habitude.

- On est pas les premiers a passer par là, p'tite...

Tout en causant, il reste néanmoins à l'affût, sans pour autant se priver de fouiller derrière le comptoir. Le sol est jonché de conneries.

- Tu m'avais dit, ouais. Que vous étiez deux. Et j'ai bien pigé que t'étais pas super copine avec ta colloc... Mais t'étais dans un putain d'hôpital psy, p'tite ! Alors, j'vais pas tomber d'ma chaise si tu me dis que t'entends des voix, tu m'suis ? C'est l'moindre mal, quoi... Mais de là à avoir les mirettes qui virent au pétrole, y a une marge, putain d'merde ! Ça marche comment ton truc ? J'parle à qui, là ? Au deux ? Quand j'passe un coup de fil et qu'on me fout sur haut-parleur sans m'prévenir, ça m'fout les glandes, putain d'merde...

Sous ses airs bravaches, faut pas en douter, ça l'inquiète au Kafka. Et pour ça comme pour le reste, il cherche toujours à en savoir plus pour se rassurer. Après tout, on ne peut avoir peur de ce qu'on ignore mais on ne craint rien plus que ce qu'on ne comprend pas. C'est sans doute pourquoi il ne cesse de jeter des petits coups d'oeil à Blanchette par-dessus le comptoir derrière lequel il est accroupi, fouillant le bordel... Et, au milieu d'emballages plastiques en tout genre et autres déchets, il finit par mettre la main sur un trésor ! Du moins à ses yeux ! Ces derniers étant tout brillants quand il jaillit du comptoir, tenant son butin du bout des doigts.


- Regarde ça, p'tite !! Putain d'merde... Il est pas magnifique ?!

Un Zippo. Oui, c'est tout. Un bête briquet à essence. En métal. Les yeux du frisé brillent d'autant plus quand, l'ayant décapsulé, il craque la pierre et ajoute à la brillance l'éclat d'une étincelle. La pierre est donc toujours en bon état. Il la craque une seconde fois. Une troisième... La brillance se fait la malle et la joie enfantine du moustachu avec. Pas d'essence, pas de flamme. Dépité, il s'avachit un brin sur le comptoir, bras croisés sur la planche où repose la caisse. Il passerait aisément pour le gérant de la station. Il soupire, se frotte le pif puis mate Providence.

- Hé, p'tite... Ces trucs à tes bras, là... les cicatrices. Pourquoi tu t'es fait ça ? J'veux dire... Alcool, drogues, clopes... j'suis pas l'dernier à me faire du mal, hein, j'dis pas. Mais tes poignets... Faut vraiment s'en vouloir, putain d'merde... Tu t'en veux, gamine ? Ou c'est l'autre qui t'aime pas ?

Providence Schmitt a écrit:Elle ne s'attendait pas à le trouver dans son dos quand elle ouvre la porte, la Blanchette. Nan. Clairement, elle l'imaginait d'avantage à rester planqué derrière son abri à attendre de voir si elle se fait bouffer avant de pointer son nez comme une fleur, plutôt qu'à rester dans son dos, rame levée et prêt à faire péter le home-run.
Bon, ok. Pendant un bref instant, elle s'est demandée s'il le faisait pour la protéger ou si elle allait s'en prendre un coup derrière les oreilles sitôt le dos tourné. Ok.
Puis elle s'est aussi très vite rappelé les paroles du moustachu. Un truc comme "le besoin crée la confiance". A traduire par "tant que tu sers mes intérêts je couvre tes arrières". Bon, du coup ça faisait moins rêver d'un début d'amitié sérieuse et réciproque... Mais au moins, il était derrière elle, là, maintenant.

Quelques pas faits dans le bâtiment firent retomber le peu d'excitation née de leur entreprise. C'était le bordel : pire qu'une chambre d'ado en pleine crise de contrariété. Avec les paquets de chips à peine entamés en moins, malheureusement.

- Indéniablement, Babouche. Ça, ou la femme de ménage était à chier. Ou en vacances longues. Ou morte.
... Elle est surement morte maintenant, ceci dit.


Toujours ce même ton égal et léger, comme si ça ne l'atteignait pas. Et alors que le rapiat de service allait vérifier la caisse -Le comptable devait être en vacances longues, lui aussi !-, Providence partit à pas prudents entre les rayonnages de la petite épicerie mise à sac. Plus une miette de nourriture, goutte de boisson, once d'utilitaire à récupérer. Pas même un pansement ni un flacon de désinfectant. Même les capotes avaient été dévalisées, bordel ! Ne restaient que ce bourdonnement de mouches et cette odeur de moisi et de refermé.
Au détour d'une tête de gondole, la petite passa la tête pour regarder le frisé lui parler.

- Je t'en veux pas, tu sais. On m'a jamais cru. C'est même pour ça que j'étais à là-bas. Enfin.. si on veut. Je faisais peur à mes parents. Tu vois ? Alors ..

Elle haussa les épaules sans donner fin à sa phrase, qui visiblement se suffisait à elle-même, puis reprit :

- Oui mon grand, t'es sur haut-parleur. Et crois-moi, moi aussi je préférerais la ligne directe. Et je préférerais qu'elle soit en sourdine plus souvent, aussi. Mais comme tu vois... *Elle désigne l'autour d'eux* ... On a pas toujours ce qu'on veut.

Si tu préfères, elle a le  casque audio, mais le micro marche pas. Ou en tout cas, je le tiens éteint. Mais tu sais. C'est fatiguant.


Son attention bascula vers le rayonnage tout proche, dont elle délogea un petit cylindre en plastique. A l'exclamation de joie du moustachu, elle sortit de sa contemplation, étirant un sourire candide. Lui aussi découvrait le bonheur des choses simples, et des découvertes de merde ! Un zippo sans clope, ça valait presque autant que sa collection de cailloux, même si elle n'en aurait fait l'échange pour rien au monde.
La joie adorablement enfantine de l'homme s'étiola tristement et bien trop rapidement au goût de Blanchette, qui lui offrit un petit regard désolé. Quelque chose du type "Désolée Bro', je comprends ta douleur". Interprétation silencieuse couverte d'un "Meeeeeeeuh" sonore au moment où elle renversa d'un geste de poignet la boîte à meuh qu'elle tenait toujours entre ses doigts.

- Kr kr krr... Désolée.

L'objet du délit disparut dans son sac alors que Providence reprenait sa lente errance.

- Tu as tout faux. Doublement tout faux. Je m'en veux pas. Et l'Autre ne veut pas me voir crever, elle en mourrait elle aussi. Par contre moi.. Si je mourrais.. je la ferais disparaître. Tu vois ?

Son regard se perdit sur ses poignets, invisible au regard du tenancier avachi en caisse.

- Mais elle m'a jamais laissé le temps de finir. Si je meurs, elle mourra certainement. Mais si je m'affaiblis, elle prend le dessus. Et m'empêche de mourir. Alors j'ai fini par arrêter d'essayer.

D'un mouvement de main, elle chassa distraitement les mouches qui commençait à se faire nuées. Et cette odeur, bon sang... A tous les coups un connard avait chié à côté des wc sans tirer la chasse ! Saloperie d'impolis.
Tout doucement, elle approcha de la porte des sanitaires, perdue dans ses pensées.

- Autre chose, Babouche ? Profite, je suis d'humeur à bavasser. Mais après c'est ton tour.. Pas de raison que je sois la seule à raconter ma vie.

Sa main posée sur la poignée s'abaissa lentement, dans un couinement sinistre.. Clac. Fermée.

- Et merde. Hé ! T'as un truc pour fracturer une porte ? ... Putain ça pue ici.. Les chiottes ont dû se boucher, un truc comme ça.

Kafka a écrit:Tandis qu'elle le "boitameuhise" pour accompagner la déception de l'un et la compassion de l'autre, le frisé grimpe sur le comptoir et écoute l'albinos. Il l'écoute vraiment, genre attentif et tout. Même qu'il a l'air de bien cogiter à tout ce que lui dit Blanchette. Faut avouer que c'est pas banal, en plus d'être pas forcément joyeux... Il est pas tout à fait certain de croire à cette histoire d'Autre. Ou pas tout à fait certain de vouloir y croire, plutôt... Parce que bon, il a bien vu ses foutus yeux noirs, quand même. Ça fout le doute. Mais ce qu'il sait, c'est que ça compte pas vraiment qu'il croit à cet Autre ou pas. Et non. Ce qui compte, c'est que Providence, elle, elle y croit... et que ça a l'air suffisamment lourd à porter pour qu'elle en arrive à vouloir se tuer. Et ça, ouais, ça fait bien cogiter le moustachu.

Il relève cependant la tête quand elle l'interpelle à propos de la porte. Et il sourit en hochant la tête, visiblement sûr de lui. Il se penche un peu en arrière, plonge sa main dans le fond du tiroir de la caisse fracturée et en ressort une lame de métal relativement fine, avant de descendre du comptoir.

- T'as affaire au roi de la cambriole, p'tite ! Kakfa aux doigts d'or, qu'on m'appelait, putain d'merde ! Des mains d'velours...

Ajoute-t-il en faisant tournoyer la lame métallique entre ses doigts façon majorette. Puis, tout en se dirigeant vers les chiottes - et Providence -, il donne des petits coups de pied ici et là pour déblayer le chemin et voir ce que les divers emballages, fascicules et autres paquets éventrés pourraient possiblement cacher... et il trouve. Il se penche, ramasse une petite boite en plastique parmi d'autres et se redresse en la secouant l'air tout fier de lui. Une boîte de trombones.

- Tiens-moi ça p'tite.

Il lui jette la petite boîte, arrivant à son niveau, avant de s'intéresser de plus près à la porte. Et la première évidence qui lui saute aux yeux, ben elle lui saute en fait au nez. Ça pue comme pas permis. Ok, ce sont des chiottes, mais là, y a maldonne. A moins que le dernier client ait pondu une charogne dans la cuvette, y a anguille sous roche. Du genre décédée, l'anguille. Mais que voulez-vous... Quelqu'un disait “Le remède à l'ennui, c'est la curiosité... La curiosité elle, est sans remède”. Qui ? Aucune idée. Un "quelqu'un" curieux sans doute. Fallait bien qu'il se justifie. Kafka, lui, se justifie pas, il est juste curieux.

- Observe l'artiste.


Il glisse la lame de métal dans l'embrasure, entre la porte et son cadre, juste au-dessus du niveau de la poignée, et remonte lentement... A mi-hauteur, une légère résistance. Le moustachu joue sur la lame, donne un petit coup sec vers le haut et le son du loquet qui saute se fait distinctement entendre. Il mate Providence, tout fiérot, puis tente d'ouvrir la porte... Ok, elle est aussi fermée à clé. Bon. Il tire la tronche puis s'accroupit pour se mettre à hauteur de la poignée et sans tourner la tête, lui tend la main, à plat.

- Trombones. Ça va prendre une seconde...

La boîte en main, il l'ouvre et récupère deux trombones qu'il déplie puis insère dans la serrure. Et, tout en commençant à chercher le point d'accroche...

- Ça en vaut vraiment le coup, p'tite ? J'veux dire... L'autre, là... Salut, d'ailleurs, hein... putain d'merde... Ça mérite vraiment que tu te flingues pour la faire disparaître ? C'est genre... Elle te pète trop les rouleaux ou plutôt genre... tu vois... pour être sûre de pas la laisser sortir ?

Providence Schmitt

Providence Schmitt

Appuyée au coin de porte, elle arbore une petite moue déçue. Elle veut l'ouvrir, cette porte ! C'est la seule qui n'a pas été forcée dans le magasin. Avec un peu de chance, il y a du PQ dedans.. Et "putain d'merde", ça vaut une fortune le PQ aujourd'hui.
Presque autant qu'un chokopim's, pour celui qui s'essuie le cul dans le sable depuis des lunes. Surtout s'il a des hémorroïdes, sans vouloir viser personne.
Elle arque un sourcil en suivant le frisé des yeux, non sans un sourire amusé aux lèvres.

- Et genre, ça te rend si fier que ça..? D'être un criminel, j'entends.
.. C'est comme si je me vantais d'être cinglée, quoi. Enfin, à mes yeux.


Pour autant elle se décale sans rechigner quand il approche avec ses instruments improvisés, attrapant la boite de trombones qu'elle tourne et retourne entre ses doigts en tentant d'en comprendre l'utilité, ou de trouver où est la triche. Parce que, quand même. Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir foutre avec ce truc ?!

- Trombones. Ça va prendre une seconde...
- Hein..? Ah ! Putain. Ouais. Tu.. ha ? Ok. J'avais jamais vu faire en vrai. Que dans les films. Puis j'ai essayé un coup, pour aller piquer le doudou de Billy. Mais j'ai pas réussi.
.. Faut dire, j'avais pas de trombones. Juste un stylo que j'avais chouré à un infirmier. ça a pas marché ! Et j'ai eu des tâches d'encre plein la gueule pendant une semaine.


Blanchette se bidonne un peu, mine de rien. Faut dire que l'infirmier de service, certainement un interne en formation, avait cru à on ne sait quelle irruption cutanée inconnue au bataillon, à voir les tâches bleues sur la peau de l'albinos. On s'amuse de peu, à l'hosto.
Son sérieux lui revient cependant rapidement, alors qu'elle repose son attention et son regard d'eau glacée sur Kafka.

- ça va. C'est pas.. C'est pas un démon Majeur, hein. Kr kr kr... Pardon. Je veux dire. Je veux pas qu'elle sorte. C'est clair et net. Faut pas. Mais elle est pas ... moins humaine que moi, si je peux dire. Tu vois ? Elle se prend une balle dans la tête, elle crève.
Alors pour te répondre. Elle me les brise suffisamment pour que j'essaye, oui.
Et je veux pas qu'elle sorte. C'est vrai aussi.


Sa main libre monte presser sur sa tempe dans un grondement de douleur, alors qu'elle finit de parler. Basse vengeance, l'albinos donne un coup de tête contre le mur qui lui servait d'appui.

- Ta gueule ! .. Ferme. Bien. Ta. Gueule. C'est ça. Pétasse.

Comme si de rien n'était, elle revient jouer avec sa boite de trombones qui se fait boite à bruits quand elle la secoue doucement, en reprenant :

- Et toi ? Cambrioleur ? C'était ça ton job d'avant ? C'est pour ça que tu t'es retrouvé en bas ? .. ouais non. Pas logique. Raconte.

Un cliquetis se fait entendre et un grand sourire barre soudain à nouveau le visage de la blafarde, qui pose immédiatement la main sur la poignée de porte.

- Bien joué Babouche ! Allez. A trois j'ouvre ! Un... Deux....

Kafka

Kafka

Il se la joue, Kafka aux doigts d'or. Il se la pète avec ses petits trombones. Mais son air concentré et sûr de lui cachent en réalité une frustration montante... parce qu'il en chie ! Il trouve pas le point d'accroche, les trombones ont l'air de glisser ou de s'enfoncer dans une guimauve, aucun cliquetis, aucun relief, rien !! Il essaierait de crocheter cette conne de serrure avec des spaghettis cuits que ce serait pareil ! Il commence à sérieusement envisager de la défoncer, cette foutue porte. A coups de pieds, de rame ou de Providence, il sait pas trop...

Toujours est-il que, du temps, il écoute sa comparse. En particulier quand elle évoque l'Autre et leur relation, si l'on peut dire. Puis, quand la jeune femme ou vieille adolescente donne un coup de tête dans le mur, il la fixe un instant. Son regard pourrait paraître réprobateur... En vérité, c'est plutôt qu'il n'aime pas trop qu'elle se fasse du mal, même si c'est pour en faire à l'Autre ou la menacer. Du coup, il serait plutôt bienveillant, ce regard noir qu'il lui lance. Puis étonné, ensuite, quand elle lui dit de bien fermer sa gueule - alors qu'il a encore rien dit - et le traite de pétasse. Puis, bon, il finit par comprendre que c'est pas à lui qu'elle parlait, là... Quoiqu'il en soit, cette diversion lui aura fait enfoncer ses trombones dans des coins qu'il n'aurait pas naturellement trifouillés et son regard s'en revient à la serrure avec une nouvelle brillance quand il sent enfin quelque chose ! Et alors que l'albinos joue les curieuses à son tour, il vient enfin... clic !


Il se redresse, l'air tout fiérot, et Providence, enthousiaste comme elle l'est parfois, a déjà la main sur la poignée. Ne l'interrompant pas, elle ouvre. Là, la réaction face à ce qu'ils découvrent se fait en trois temps pour Kafka.

- Putain d'merde...


Temps un. La surprise morbide à voix basse. Face à eux, tranquillement assis sur les chiottes, pantalon baissé, un cadavre. Et pas cadavre depuis si longtemps que ça ! Pas assez pour être tout à fait décomposé... Mais assez quand même. Chemise hawaïenne, bermuda, tongs aux pieds, petit bouc, queue de cheval et un joli trou de balle. Mais sur le front. Ça ressemble clairement à une exécution.

- Putain d'merde !!

Temps deux. Le cri de joie. L'émerveillement. Ces chiottes sont de toute évidence une cache ! Celle du défunt ou non, le frisé s'en fout, il n'a plus d'yeux que pour ce qui est empilé tout autour des chiottes et du cadavre assis dessus. A savoir ? Des clopes !! Des tas de clopes ! Des cartouches de marques diverses, entassées tout le long du mur de droite ! Le paradis ! Mais si ! Sur l'autre pan de mur, il y a aussi quelques boîtes de comprimés et autres médicaments divers. Ainsi qu'une guitare électrique dans un état proche de celui du cadavre, posée dans la vasque du lavabo, comme exposée. Il y a aussi cette espèce de couverture pliée... noire... en plastic ? Peut-être encore d'autres trucs qui lui échappent... Mais qui s'en soucie ?! Toutes ces clopes !!

- Pu... Putain d'me...

Il referme la porte, se penche, une main appuyée sur la porte, l'autre sur sa bouche. Temps trois. La gerbe. La vue du cadavre n'est pas géniale mais, pour le frisé, elle est amplement rattrapée par celle des cartouches. Par contre, rien ne vient contrebalancer cette odeur. Rien de rien. Il a un relent. Deux. Il résiste, se concentre... On bouffe trop peu, de nos jours, pour se permettre de le vomir !


- On... Deux secondes... Putain d'merde... On va laisser aérer un peu, hein... C'est... Putain...


Il entrouvre la porte des toilettes puis s'éloigne en faisant signe à l'albinos de le suivre. Direction la sortie, l'air libre ! Arrivé à l'entrée, il jette un oeil à l'extérieur... Personne. Il sort et prend une grande, longue inspiration... Il a toujours trouvé que ce désert puait. Il se trompait.

- Sa race ! Cette schlingue ! Putain d'merde...

Cependant, il jette un regard en coin à sa comparse. Un regard joyeux.

- Petite futée ! T'avais raison pour les clopes, t'as vu ça ?! T'es mieux qu'un putain d'détecteur à métaux, gamine ! Sûr que tu pourrais trouver des truffes avec ton pif ! Haha ! Bordel, j'savais bien que j'avais raison de t'garder avec moi ! J'ai toujours raison, putain d'merde !

Il la chope par les joues et lui colle un bécot sur le front, à pleine bouche. Et poils. De moustache. Il est jouasse, aucun doute. Et le voilà qui s'assoit, adossé à la vitrine cradingue de la station, expirant d'aise en matant les dunes alentour. Et, sans le préciser, il semblerait qu'il mette à profit ce temps d'aération pour répondre aux questions posées.


- Déjà, p'tite, c'est pas d'être un criminel dont j'suis fier... ça c'était une nécessité, putain d'merde... Non, j'suis fier d'en être un bon ! Pas pareil ! Tu m'suis ? Et, non, c'est pas ça qui m'a conduit dans cette cellule de merde de ton hôpital pourri. Enfin... pas directement ça.

Il se frotte un peu le tarin et se dit qu'il fumerait bien une de ces clopes, là-bas, derrière... M'enfin, encore un peu de patience.

- Cambrioleur, j'l'ai été un temps. Minot. Quand j'débutais, si tu préfères. J'étais pas mauvais, j'te jure... Mais, le truc, c'est que c'était risqué alors que ça rapportait pas vraiment. Ou pas toujours. Alors, j'ai cherché plus lucratif, comme on dit. La drogue. J'avais mon petit réseau, je la jouais discret... Une partie du stock venait de Risperdal, d'ailleurs ! La Doris... Jaeger, hein, j'parle... C'était une sacrée salope ! Elle touchait à un peu tous les trafics. Dont la drogue. Mais elle menait pas vraiment la danse... Enfin, j'croyais... Elle était à la colle avec le caïd local. Victor. Bref. J'm'en foutais pas mal. Moi, j'amassais du pognon, point. Mais ça reste risqué, la drogue... Et j'me suis fait prendre. J'ai fait un peu d'taule... Ou refait, en fait.

Il se marre.

- Si tu m'demandes mon avis, j'ai toujours été en taule ! Même gamin. M'enfin bon... Quand j'suis sorti, j'avais toujours mon pognon. Et encore plus de contacts qu'en y entrant. De ceux qui permettent de voir plus grand. De savoir où investir, tu m'suis ? Et d'un autre côté, en vivant dans la rue, en dealant, tu t'fais aussi des contacts... Des gars pas recommandables, ouais, et aussi des filles paumées. Plus paumées qu'moi. Et qui étaient pas trop regardantes d'où venait le cash ou comment elles l'obtenaient, du moment qu'elles s'en faisaient, tu piges ? Alors j'ai commencé à faire croiser mes contacts du haut avec ceux du bas... Je leur trouvais des clients, aux filles. Et je refourguais un peu d'dope, quand fallait. Ça marchait bien. J'me faisais encore plus de pognons, tu vois ? Du coup, j'ai vu plus grand, comme j'disais. Un bordel. Un beau bordel, hein ! J'avais du grattin qui v'nait !


Il acquiesce, pensif. Comparant peut-être son statut d'alors, son confort, avec celui qui était le sien aujourd'hui. Puis il devient plus taciturne.


- Bon, c'était pas le numéro un. Mon bordel. Il passait après celui d'Victor. Et d'sa gérante à mi-temps... Jaeger Doris. Ouais. Et j'suis peut-être dev'nu trop ambitieux... J'me suis mis à recruter leurs filles. Quelques-unes. Elles étaient mieux chez moi, j'y peux rien, putain d'merde ! On les faisait pas chier, elles gagnaient plus... Bon, j'leur ai aussi piqué quelques clients, par-ci, par-là... Enfin, bon. J'me suis fait r'marquer, quoi.

Il renifle en se grattant l'arrière du crâne. Autant, il semblait assumer jusque-là, autant il parait pas fier de la suite.


- J'sais pas... et j'saurais jamais... si c'était un ordre de Victor ou une initiative de l'autre pute de Jaeger mais... Un soir, j'sortais mes poubelles, peinard, et ils me sont tombés dessus. Deux têtes de glands. Des frangins, qui bossaient pour Victor. Ou Jaeger. Ou les deux, putain d'merde ! Ils m'ont tabassé. Assommé... J'me suis réveillé dans la cellule. Tel quel. Et dans les cellules voisines... Le directeur de Risperdal et la soeur de Jaeger. Jansen Doris.


Il acquiesce.


- J'les prenais pour des tarés. Tous les deux.

Providence Schmitt

Providence Schmitt

Entre curiosité et curiosité, il faut choisir. Et autant l'histoire de Kafka l'interroge, autant savoir ce que renferme cette dernière porte close l'intéresse bien d'avantage. Question de priorité. Alors hop, ni une ni deux, Providence manque de foutre la porte dans la gueule du frisé dans son empressement à l'ouvrir.
Bon. C'était sur, en fait. C'est carrément certain, que ça sentait le cadavre et pas la fosse septique bouchée. C'était certain mais dans son optimisme naïf, l'albinos s'était déjà persuadée qu'elle trouverait au mieux un chiotte débordant, au pire un chat éventré ! Sauf que non. C'est bien un cadavre qui leur saute à la gueule. Enfin techniquement non, lui il ne saute pas... Mais son odeur, elle, leur saute littéralement au nez.

Un mélange de gerbatif et de vomitif, avec pointe de "je vais rendre mon déjeuner". Le temps se décompose différemment pour Blanchette que pour Babouche.
Assaillie par l'odeur qui ressemble même à un goût quand elle a le malheur d'inspirer par la bouche, autant que par la vue du corps qui tourne au verdâtre, elle fait un, deux, trois bonds en arrière, ponctués de couinements aigus, avant de tomber sur le cul. "Meeeeeuh" dit la boite à meuh, dans son sac à dos.
Elle est bien incapable de détailler le contenu de la pièce, trop occupée à... rendre son dernier chocopim's par terre. Vie de merde. Elle est formelle : c'est vachement plus dégueu à la sortie qu'à l'entrée, le chocolat.

Du coin de l'oeil, elle capte Kafka qui repart vers la porte d'entrée. C'est qu'il est malin, le con. Des fois. Sans se faire prier elle lui emboite le pas, attendant d'être dehors pour prendre quelques grandes inspirations et cracher par terre en tentant de se débarrasser de la brûlure qui lui entrave la gorge. Sans pouvoir résister à la moustache qui s'écrase sur son front.

- Rhaaa.. Mais putain mais t'es ! kof kof... t'es sérieux là !! Laisse moi gerber tranquille !

Dernière inspiration lourde, avant qu'elle ne vienne se caler près de son compagnon de fortune qui se lance dans un résumé de sa vie. Elle en demandait pas tant, mais ça a le mérite de lui changer les idées.
Il parle, il parle. Elle finit par se prendre au jeu, ou du moins en récit. Lève les sourcils, ouvre la bouche en "o", sourit, grimace. Se gratte l'arrière du crâne pensivement par instant. Rit un peu, en conclusion.

- A croire qu'on était tous cinglés à l'hôpital.. Tous.

Elle insiste un peu sur son dernier mot en lui jetant un coup d'oeil en coin. Et ouais. Toi aussi mec, t'es pas tout net. Mais t'es en vie, hein ? Ben moi pareil.

- Je savais bien que c'était une connasse, la Jaeger. Enfin, pas plus que sa jumelle, tu me diras. ... Oui, chut ! Je l'aime pas, c'est tout. Elle est.. elle est.. Putain quoi ! Elle est comme ceux qui m'ont envoyé à Risperdal.

Ses orteils grattent le sable pour rapidement rencontrer le béton, alors que son regard repart vers l'intérieur. Petite moue.

- L'un dans l'autre. Elle t'a peut-être sauvé le cul finalement... qui sait. Et elle est morte. Karma, hein !
... oui, enfin. Ouais, non oublie, j'ai des doutes sur le karma pour le coup. C'est quand même souvent les plus pourris qui s'en sortent en niquant les autres.
Et vu comme ça va, j'ai pas l'impression que ça ait changé, ça pour le coup.

Bref ! Hein. Tu les veux tes clopes ?


L'albinos prend une grande goulée d'air pour se motiver et se redresse en lui tendant la main. Même qu'une esquisse de sourire se dessine sur sa face de craie.

- Merci de m'avoir raconté, c'est cool. Elle était pas si mal ta vie d'avant, je suppose. Outre les dernières emmerdes, quoi.

Et sans attendre de réponse, la voilà qui repart dans le magasin en rabattant sa manche devant son nez. A l'intérieur, l'odeur diffuse s'est répandue dans toute la station, nauséabonde et doucereuse. Son pas ralentit un peu, en revenant près des toilettes. La porte est rouverte du bout des doigts, et son regard navigue sur la macabre scène.

- Grouille, ça pue trop..

Machinalement elle attrape l'immense sac poub-.. sac à cadavre ? Ah oui ok. Ben c'est parfait, ils en mettront plus dedans !

- T'imagines que le pauvre mec. Il a peut-être survécu à tout ça pour finir avec une balle dans le crâne ? Quelle merde.

Kafka

Kafka

Il fait oui de la tête. Et comment qu'il les veut, ses clopes ! Il prend même la main tendue sans faire d'histoire. Il a l'air un peu surpris qu'elle le remercie d'avoir raconté un truc. Ou surpris qu'elle le remercie tout court, même. Et quand elle dit que sa vie d'avant était pas si mal, il acquiesce, l'air de dire "tu m'étonnes, putain d'merde !"... Tu parles. Un désastre, sa vie. A tous les niveaux. Du début jusqu'à maintenant. Et le pire, c'est qu'il le sait. Mais est-ce qu'il l'admettra ouvertement ? Jamais ! Du fric et des gonzesses, mon gars ! Et ouais ! Que demander de plus, hein ? HEIN ?! Ouais... Du fric et des gonzesses. Et des bagnoles. Et trois maisons. Et une fontaine à l'entrée de chaque. Et des téloches géantes, des fours, un bateau, des statues, des canapés longs, des canapés courts, des canapés encore plus courts qu'on appellera des fauteuils et... et... Et un putain de vide qu'il n'arrive à combler facticement qu'en le remplissant de rage. Un puits sans fond.

A l'intérieur de la station, rebelote. Faut s'habituer, à nouveau. A l'odeur, bien sûr. Celle de renfermé s'est faite latter la gueule par l'odeur de la mort, celle de la charogne qui n'en était peut-être pas une de son vivant. Il tique quand l'albinos déplie la "couverture" noire... Un sac mortuaire ? Il le mate un instant puis ses yeux tout aussi noirs dérivent vers le cadavre. Et à la question de Providence, il hausse les épaules.

- T'sais, t'as beau survivre à tout c'que tu veux, tu finis toujours par y passer d'une façon ou d'une autre... Au final, une balle dans la caboche, propre et net, c'est peut-être pas la pire, tu crois pas ?

Rhétorique, de toute évidence. Il est déjà baissé, attrapant les cartouches une à une pour les disposer dans le bodybag que l'albinos garde ouvert. Il s'applique, range bien, ne mélangeant pas les marques, semblant presque jouer à Tetris et avec un certain talent.

- Possib' que t'ais raison. Que j'serais cané si j'avais pas été dans cette putain d'cellule... J'en sais rien... Tu trouves pas tout ça bizarre, toi, gamine ? J'veux dire...


Il lève un doigt et se fige, fixant devant lui, sourcils froncés, le teint blême. Son ventre gargouille, il pince les lèvres, plisse les yeux... Il va gerber ? Non. Si ? Non... mais c'est pas passé loin. Il soupire doucement.

- Putain d'merde... J'disais quoi ? Ah, ouais ! J'avais pas les actus dans c'putain d'hosto et j'sais pas bien combien d'temps si j'y resté mais bon... Pas assez pour que l'monde parte autant en vrille, aussi vite, putain d'merde ! Pas assez pour qu'on s'retrouve dans un putain de désert, bordel !

Quand il s'agit de récupérer les médocs, il est nettement moins attentionné. Boites et plaquettes sont jetées en vrac de manière à recouvrir les cartouches.

- L'vieux, là... Tobias... Il l'ouvre moins souvent qu'il neige au Sahara mais l'peu qu'il a dit... J'sais pas... On dirait qu'ça a pris du temps, pour lui, tu m'suis ? S'est pas r'trouvé là d'un coup, quoi, tu vois ? Putain d'merde, j'suis l'seul à trouver ça bizarre ?

Peut-être que la question qu'il pose, c'est : c'est moi le taré ou pas ? Possible. Ou non. Providence en jugera. Toujours est-il que les chiottes ont été vidées. Du moins de ce qui semblait intéressant. Reste la charogne sur son trône et la gratte. Et c'est encore trop ! Kafka se redresse, se penche avec  une grimace sur le macchabée... et lui fait les poches. Et ce faisant, il se demande... Ce pauvre type s'est fait buter pendant qu'il posait sa pêche ou bien était-il dans le bodybag ? Puis, oui... Le pantalon baissé. Le détail qui tue. Et pue.

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