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Coucher de Lune

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1Coucher de Lune Empty Coucher de Lune Mer 6 Fév - 12:32

Kafka

Kafka

Parait qu'on peut perdre du temps. On doit donc aussi pouvoir en gagner. Supposons. Mais peut-on tuer le temps perdu ? Ah ! Pas simple, hein ? Et si oui, avec quoi ? Ah HA ! Hum ? En tous cas, Moon, elle, a peut-être gagné du temps en se faisant tuer.

Alors, ils sont là, ses compagnons de quelques lunes, devant le petit tas de terre. Trois coups de pelle jetés à la va-vite. C'est beaucoup de nos jours ! Presque un enterrement en grande pompe ! Funèbre, s'entend. D'autant qu'elle est pas simple à trouver, la terre, sur le pont. Foutu pont. Là qu'ils l'ont rencontrée, la Lune, là qu'ils l'ont perdue. Elle était pleine de vie à leur rencontre. Pareille à la flamme, ondulante. Même quand elle a commencé à s'éteindre, elle restait chaude comme la braise ! Ça oui, Kafka peut en témoigner. Mais il le fera pas sans la présence de son avocat. Et il en a pas, d'avocat, alors bon... Du coup, il peut rien dire sur les circonstances de la mort, non plus. Il y aurait pourtant de quoi se marrer pour ceux qui apprécient l'humour noir ! Mais le frisé n'a pas le coeur à rire. Parait que la Lune contrôle le fait de se marrer. Puis quand Moon disparait, c'est aussi le soleil qui fout le camp.

Il y a quelques jours, avant le drame, Akio est venu voir Kafka. Ça, déjà, c'est pas tous les jours. Et Jackie Chan, comme il l'appelle, lui a tendu une guitare. Une sèche. En état, pas comme la gratte électrique pétée que le frisé se trimballe depuis des lustres. C'était déjà surprenant mais quand le Jap a entrouvert les lèvres, Kafka a carrément cru qu'il allait se mettre à causer ! Alors, là, y avait plus qu'une pluie de grenouilles qui aurait pu le surprendre ! Puis, bon, finalement, le bridé a refermé les lèvres, remis sa radio à son oreille et s'est barré. Tout rentrait dans l'ordre et les moutons de Panurge étaient bien gardés. Mais le fait est que là, en cet instant de recueillement funeste, la guitare est dans les mains de Kafka et la grande gueule a l'air bien décider à pousser la chansonnette pour rendre un dernier hommage... Et, ça non plus, c'est pas tous les jours ! Ça surprendra sans doute ses camarades, d'ailleurs, sans doute plus habitués à l'entendre grogner, ronchonner et beugler. Cela dit, qu'ils apprécient ou non, il se lance ! Petit raclement de gorge pour s'éclaircir la voix - pas de doute, il fume trop -, petite intro en arpège... Il s'est pas foulé ! Du La, du Sol, du Do, du Mi... Classique. Puis il s'est dit que pour un hommage à Moon, La Sol Do Mi, c'était raccord. Et, enfin, il chante... Ça ressemble à du Renaud. Alors qu'il connait pas Renaud. On écoute pas des masses du Renaud à Prague. Mais la musique est universelle, pas vrai ?


- La première fois qu'j'ai vu ta lune, c'était comme voir l'jour en pleine nuit.
Toi tu voulais niquer sur la dune, et tu sais quoi ? Ben moi aussi.


Bon, ben le ton est donné. On est sur du Rambo, pas du Verlaine. Il se laisse pas démonter par les réactions de ses camarades et poursuit.

- On était pas pressé de faire notre jus, toi et moi on voulait jouer
On s'était dit que c'temps perdu, c'était toujours ça de gagné
C'tait pas l'envie qui nous manquait, mais on savait qu'j'te bouff'rais l'cul
Ta mort est dure à digérer, ton cul j'pensais vraiment le bouffer cru...


Petit regard en coin vers le tas de terre. Un brin de culpabilité ? Possible. En tous cas, c'est fait pour le premier couplet. Refrain ou pas ? Et si.


- On reverra plus la lune, Moon s'en est allée...
Et sur la fosse commune, le matin va se lever.


Un petit pont, sans passement de jambe dans l'entre-jambe. Puis, là encore, c'est de circonstance. Faire un pont sur un pont. On frise l'aqueduc. Ou la queue du cul. Désolé... Second couplet.


- Toi qui voulais tant aller au Sac, c'est dans un sac qu'tu peux rentrer
Et pour moi qui étais Mac, le sac j'voulais t'voir le faire tourner
Tout ça c'est vraiment du gâchis, tu méritais mieux c'est certain
J'sais pas si t'as eu une belle vie, mais t'avais vraiment de jolis seins
Je t'aurais pris verso-rectal, j't'aurais p't-être même offert des fleurs
Sans doute pas les fleurs du Mal, mais ça aurait fait ton bonheur...


Il renifle avant que la morve n'atteigne sa moustache. Il le dira sûrement pas mais la disparition de Moon lui fait du mal, au frisé. Peut-être pas autant que sa légendaire crise hémorroïdale, mais presque. Ou différemment. Et pas uniquement parce qu'après trente-et-une lunes, dans cette saleté de désert, cet ancien proxénète n'a toujours pas tirer son coup. Non. C'est sans doute plus profond. Sans doute. Toujours est-il qu'un refrain est censé revenir, donc il revient. En guise de conclusion.

- On reverra plus la lune, Moon s'en est allée...
Et sur la fosse commune, c'est la fin de la journée.


Une dernière note puis le silence. Un ange passe. Pourvu qu'il ne soit pas trop regardant.

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